Bonjour Guillaume, pouvez-vous nous raconter ce qui vous a poussé à écrire 'Achetez Rénovez Gagnez' et comment ce livre se distingue-t-il des autres guides sur la rénovation immobilière ?
Bonjour,
J'ai ressenti une véritable détresse sur le marché de la rénovation immobilière pour les particuliers comme pour les professionnels. Un contexte géopolitique mondial qui entraîne une explosion des prix de l'énergie. Des réglementations sur la rénovation énergétique toujours plus restrictives avec 15 millions de logements à rénover d'ici à 2034. Une politique publique changeante au gré des décideurs qui se succèdent à l'image du dispositif MaPrimRénov' dont les conditions d'accès changent en moyenne tous les quatre mois depuis sa création. L'Europe qui fixe l'objectif d'atteindre un parc immobilier zéro émission en 2050. Des rénovations techniquement complexes pour atteindre de tels objectifs. Bref il est très difficile pour les particuliers et les professionnels de s'y retrouver et d'avoir un cap précis.
Avec ce livre, j'ai voulu apporter un éclairage vulgarisé au lecteur sur le contexte actuel. J'explique pourquoi les prix de l'énergie vont littéralement exploser dans les prochaines années. Pourquoi l'énergie est fortement intriquée avec le secteur de l'immobilier et pourquoi la meilleure des énergies et celle que l'on ne consomme pas. Je décris ensuite la méthode écosystémique ARG qui explique de manière simple comment réussir la rénovation d'un bien immobilier pour sortir du spectre du toutes les réglementations actuelles et à venir. Comment réduire, voir supprimer, ses consommations d'énergie, et faire exploser la valeur du bien avec une conception des espaces optimisée augmentant le bien-être physiologique. Ce guide ARG apporte des clés de compréhension et des outils pour entreprendre et réussir avec un haut standard d'excellence ses opérations de rénovation.
Avec la prohibition imminente de louer des biens classés F ou G, quel impact pensez-vous que la méthode A.R.G. peut avoir sur le marché immobilier français et comment contribue-t-elle à répondre à ces défis réglementaires ?
Contrairement au monde de la consommation instantanée dans lequel nous vivons, la rénovation d'un bien immobilier s'inscrit dans un temps long. Nous ne changeons pas nos fenêtres, notre isolation ou notre système de chauffage tous les ans. Les décisions et les travaux que nous entreprenons aujourd'hui auront un impact pour les vingt prochaines années.
Or raisonner à l'échelle des interdictions des biens classés F ou G d'ici 2028 et faire des travaux pour gagner une ou deux étiquettes est incompatible avec une action durable. J'en veux pour preuve les objectifs de loi de 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte qui fixe l'objectif d'avoir un parc immobilier en 2050 qui consomme en moyenne nationale 80 kWh/m2/an correspondant à l'étiquette B de l'actuel DPE. L'Europe va plus loin avec l'ambition d'atteindre à la même date le zéro émission pour l'ensemble du parc immobilier européen. Cela signifie que les particuliers et les professionnels qui entament des travaux pour gagner une ou deux étiquettes énergétiques pour sortir des interdictions de location à court terme devront tout recommencer dans moins de dix ans. La méthode ARG permet de réaliser les travaux en atteignant les objectifs réglementaires du zéro émission de suite. Ainsi, nous réalisons des investissements durables qui se projettent sur un temps long.
Vous parlez dans votre livre de réduire les passoires thermiques en France. Quelles sont les étapes critiques de votre méthode pour transformer ces biens inefficaces en logements économes en énergie ?
La méthode ARG utilise le concept de la rénovation globale et performante en traitant quatre étapes fondamentales de travaux en même temps : l'isolation, les fenêtres, la ventilation et le système de chauffage. Réaliser ces travaux de manière coordonnée permet de gérer les interfaces entre les différents corps de métier pour assurer une continuité de l'isolation et de l'étanchéité à l'air tout en traitant de manière efficace les ponts thermiques. La méthode s'oppose totalement aux monogestes de rénovation comme par exemple refaire simplement l'isolation des combles. Cette pratique favorisée depuis de très nombreuses années par les politiques publiques n'apporte aucun résultat sur les consommations globales.
Un bien immobilier est un écosystème intégré dans un environnement. La méthode ARG va plus loin en intégrant l'aspect physiologique et le bien-être. Elle définit comment orienter les pièces à vivre pour optimiser les apports de lumière du jour. Comment choisir les bonnes couleurs et utiliser la végétation pour optimiser ses besoins en énergie.
J'ai voulu à travers ce livre apporter une réponse globale face à la complexité des enjeux de rénovation.
L'augmentation des coûts énergétiques est un enjeu majeur. Pouvez-vous partager des exemples concrets où votre approche a permis de significativement abaisser les dépenses énergétiques d'un projet de rénovation ?
Un de mes clients est tombé sous le charme d'un vieux corps de ferme dans le sud-est de la France. Sans isolation et chauffé avec des radiateurs électriques, ce bien était classé G+. Il voulait la transformer en résidence principale. Nous avons fixé l'objectif du zéro émission avec l'obtention du Label BBC. Nous avons travaillé sur la conception des espaces et réalisé une rénovation globale et performante en suivant la méthode ARG, avec une isolation au chanvre pour limiter les surchauffes en été. Nous avons installé une pompe à chaleur par géothermie permettant de couvrir les besoins en production de chaud et de rafraîchissement. Nous avons géré les interfaces avec les artisans pour assurer une étanchéité à l'air et un renouvellement de l'air intérieur optimisé. Nous avons créé un manuel d'utilisation pour développer les bonnes pratiques pour limiter les dépenses énergétiques. Après un an de fonctionnement, la consommation globale ne dépassait pas 35 kWh/m2. Dans la deuxième année après les travaux, nous avons installé des panneaux solaires avec une batterie de stockage. Aujourd'hui, la maison produit plus d'énergie qu'elle n'en consomme. Le client envisage d'investir dans une voiture électrique avec une borne de recharge pour utiliser le surplus de production d'électricité.
Comment adaptez-vous votre stratégie de rénovation pour intégrer les aspects patrimoniaux et assurer ainsi que les réhabilitations respectent l'héritage architectural tout en adoptant des solutions modernes et durables ?
Je dis souvent que lorsque l'on rénove un patrimoine, nous accueillons le cadeau des anciens dans le présent, nous participons à sa modernisation et nous le transmettons aux générations futures. Nous créons des ponts entre les générations. Nous devenons des passeurs de temps. Ma stratégie intègre de manière systémique le respect de l'héritage architectural dans la rénovation.
Nos anciens créaient des habitats connectés à leur environnement. Raison pour laquelle, je réalise systématiquement pour mes clients une recherche historique du bien immobilier à rénover. Quelle était la fonction première ? Comment était intégré le patrimoine dans son environnement ?
Le but de nos rénovations est de moderniser pour adapter aux usages et aux enjeux de notre époque sans détruire l'histoire d'un lieu.
Nous avons souvent recours à des matériaux nobles comme le bois pour les fenêtres qui offrent en plus les meilleures performances thermiques, ou encore les enduits à la chaux pour les façades que nous mélangeons parfois à du chanvre pour apporter une correction thermique complémentaire.
Vous proposez un accompagnement personnalisé pour la rénovation énergétique. Quelles sont les clés d'un coaching efficace dans ce domaine concurrentiel et quels résultats vos clients peuvent-ils escompter ?
Les clés d'un accompagnement efficace résident dans la période avant démarrage des travaux. La phase de la conception, de la définition du cahier des charges et du choix des bons partenaires (architecte, bureau d'études, artisans, entreprises) est la plus importante. La préparation est une clé de réussite fondamentale. Bien sûr que les travaux apportent souvent un lot de difficultés et de surprises, mais si nous concevons, préparons et anticipons correctement les opérations de rénovations, nous réduisons de 90 % les difficultés du chantier. Dès lors la réussite d'un chantier est conditionnée simplement par une bonne coordination des artisans et la réalisation de points de contrôles stratégiques pour obtenir d'excellents résultats sur les niveaux de performances énergétiques requis. Sur nos opérations de rénovation, nous réduisons en moyenne les temps de réalisation par deux avec une réduction des budgets de 30 %.
Enfin, à long terme, comment envisagez-vous l'évolution de la réhabilitation durable en France et quel rôle espérez-vous jouer dans la formation d'une communauté de réhabilitateurs informés ?
Les objectifs européens d'avoir un parc européen zéro émission en 2050 ont des conséquences importantes. Plus de 90% du patrimoine bâti français devront être rénovés avec les standards de la méthode ARG. Cela représente 80 milliards d'investissements par an jusqu'en 2050 et 450 000 emplois directs pour réaliser les travaux sans compter le développement de filières industrielles spécialisées pour approvisionner les matières premières. Malheureusement les politiques publiques mises en place sont loin d'avoir pris conscience de l'ampleur de la tâche. Nous sommes face au chantier du millénaire. Mon objectif avec le livre est d'apporter un éclairage au plus grand nombre pour développer une communauté autour de ces enjeux stratégiques. Selon moi, la seule alternative plausible est de lancer un Grand Plan de la Rénovation de la France. C'est une nécessité pour transmettre un monde meilleur aux générations futures.
Pour en savoir plus : https://rehearth.com/